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Études pour « Promener sa peine »
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Les heures sauves, ajouts.
Les heures sauves (2021-2022),
hommage discret
dans : Promener sa peine -
Promener sa peine sous un ciel bleu, juin 2023
Elle m’appelait chaton
On s’envoyait des cartes postales
Elle disait que mon adresse était toujours dans son portefeuille avec une photo de son neveu
Pourquoi personne ne m’a prévenue ? -
C’est un ancien téléphone que l’on met en charge puis rallume, en vue de le prêter à un ami qui s’est fait voler le sien. Le déjeuner est bientôt prêt, il est prévu de fêter une date la veille, de sortir des bougies comme cela n’est jamais fait. Sans trop y prêter attention nous sommes en 2020, les cheveux roux ou les cheveux noirs, curiosité amusée puis un peu plus grave, on veut revoir le visage de l’amie qui alors est encore vivante, sa tête couronnée au dessus du journal d’appels et de ce que l’on y découvre trois ans plus tard : un appel manqué qui nous accuse, nous coupe le souffle, nous pulvérise et une douleur qui n’a plus rien de flou, d’indéfini. (L’intuition de la peine était bonne.)
Cet après-midi, impossible de faire autre chose que de remettre en ligne la page « Promener sa peine » (2021 – ), à étoffer bientôt.
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Les heures sauves (2021-2022)
Série « les heures sauves » – photographies argentiques couleurs réalisées avec un appareil de type point and shoot – numérisation sans retouche (recadrage pour mosaïque de présentation) Hommage discret – « Promener sa peine sous un ciel bleu » (2021- )
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extrait de « désir replié » Il m’a été offert des crayons à papier portugais à la délicate odeur de figuier. Jusqu’à présent je n’écrivais qu’à l’encre, mais je me suis tellement attachée à ce cadeau que j’en ai changé mes habitudes. L’an dernier j’ai reçu de jeunes figuiers pour mon balcon et de délicieux biscuits faits maison aux fruits secs ; j’avais beaucoup parlé de figuiers, sans que qui ce soit ne comprenne pourquoi. Mon hommage discret à Anna, c’était lui attribuer la cause d’une extension de mon monde, celle qui me fait remarquer cet arbre quand je le croise sur mon chemin et me donne du plaisir quand je goûte ses fruits sous toutes ses formes. Pour sentir l’odeur du crayon, il faut faire le même effort que pour une peau : fermer les yeux, se concentrer, y revenir. J’en ai offert à nouveau à qui j’imaginais capable de s’émerveiller avec moi de cette découverte, comme j’en aurais offert un à Anna. En me faisant changer de point de vue, en liant en mon esprit l’amie et les figues au plaisir plutôt qu’au désir replié, c’est un objet qui réconcilie, qui me déplace, un très beau cadeau.
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Carte postale ancienne de Pau trouvée en ressourcerie à Grenoble / la statue Attirer le passé à nous / extrait de « La contre-culture dans la photographie contemporaine » M. Poivert (Textuel, 2022) -
(ARCHIVE)
Anna, depuis quand ai-je arrêté de soulever ma peine ? Les haltères violettes achetées pour toi, en pensant à toi – les haltères choisies non pour leur poids mais leur couleur, celle des murs de ta chambre lors de nos premières vidéo-discussions, il me faut les remettre à leur place. Leur utilité première ici n’est-elle pas de rester en évidence, presque dans le passage, pour trébucher sur le présent ?
Je fais à nouveau quelques étirements, je tends les bras vers celle que je veux devenir, rencontrer : je ne comprends pas tout de suite que j’ai perdu en souplesse, retrouvé ce rythme criminel qui avait toujours été le mien (quelqu’un pourrait mourir sans que j’y prête attention).
C’est en utilisant notre nouveau moulin à café manuel que je me suis souvenue de ma promesse de muscler mes bras pour aimer en ton nom. En broyant les grains j’ai pensé à quelques amitiés que le café fin relie, j’y ai pensé sans toutefois me mettre à leur temps, négligeant à nouveau d’étirer le présent. -
[figje] pour hommage discret de mai.
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Vous marchez avec plaisir, espérant comme à votre habitude perdre celle-ci, trouver celle-là. Une fois de plus, vous vous isolez sur un chemin tranquille, peu fréquenté, loin de l’agitation courante. Il se trouve qu’au fil du temps, vous avez développé toutes sortes de pratiques pour vous décontaminer et entendre votre forme à nouveau, malgré les porosités. En sortant de vos imaginés, vous vous retrouvez seuls face à la catastrophe. Les amis, distraits, ont-ils fui sans faire exprès avec vos possibles ? Vous voilà incapables de penser une autre version de l’histoire qui vous est racontée et vous attendez ici, patiemment, que votre peine vous reconnaisse et vous entraîne ailleurs. Celle qui se présente à vous, la seule à même d’offrir des limites à vos larmes, est illégitime. Votre tristesse épouse alors ses contours et déjà vous épuisez ce sinistre qui ne vous appartient pas : bientôt vous promènerez votre peine sous un ciel bleu.
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