Catégorie : nous sommes ici

  • (Lien) André Carpentier

    « Il y a ce moment du flâneur que j’appelle la rencontre muette. Dans un café, dans un parc, dans une rue, se trouver à proximité d’individus, à portée de regard, mais sans la pleine médiation du regard, à portée de parole, mais sans l’entremise de la parole, sans le contact direct. En présence, mais sans l’adresse à l’autre. En fait, dans la seule dualité de la présence nue. Une rencontre presque à sens unique, par les sens et par l’intuition.

    C’est dans cet esprit qu’on repère le mieux ces individus en échappée, qui, seuls ou en grappe, tendent à produire une vie humaine singulière au sein de la norme et de la vie quotidienne, qui est aussi une vie partagée. Leur paradoxe est le détournement dans l’attachement à la règle et au quotidien. Ces marginaux, ces flâneurs à temps plein dont je parle, donnent en sourdine le spectacle d’un usage de soi, dans l’ordinaire des jours, qui leur permet de créer une cohérence pour soi tout en se maintenant dans le registre des règles communes et dans le courant de la quotidienneté. Ils résistent aux usages répétitifs, à l’émiettement du quotidien, au trop peu de sens de l’agir ordinaire, par des inventions, des astuces, des ruses, des détournements, des insoumissions et autres conduites tactiques « articulées sur des “détails” du quotidien » (de Certeau, 1980, p. 14). Ces personnages donnent l’exemple d’un agir qui permet de se réapproprier l’espace organisé, ainsi que ses usages. Ils s’inventent un devenir en œuvrant à leur adaptation sans nuire à quiconque et en n’étant pareil à personne, bien qu’adhérant au contingent social. J’exagère peut-être, mais il me semble distinguer, dans l’exhibition de ce démarquage mesuré, d’infimes et négligeables traces, mais des traces quand même, d’une procédure de régénération de la vie quotidienne et des normes du vivre ensemble. »

    Extrait de : « Être auprès des choses. L’écrivain flâneur tel qu’engagé dans la quotidienneté » par André Carpentier, à lire sur le site de l’Observatoire de l’Imaginaire Contemporain.

  • (Liens) Remarquer Marseille (Nina Rendulić)

  • Ici. 37.

    Il, elle te dirait : « et si on allait ailleurs ? » et tu accepterais, sans chercher à comprendre les motivations. Pour le plaisir d’être en mouvement, sans avoir à l’initier, pour le plaisir de faire plaisir, pour la surprise, pourquoi pas.

  • (Ici) 62. faible

    J’ai un faible pour celleux qui ne se garent pas au plus près, font des pauses là où ce n’est pas prévu, soignent les transitions, l’entre-deux.

  • (Ici) Image. Boris Vian.

  • (Ici) Galerie – le Nord (201x)

    Ici – Ajout d’une nouvelle galerie
    Photographies argentiques et numériques, prises entre 2008 et 2015, le 59 et la capitale belge.

  • (Ici) 54. Revenir

    Est-ce que l’on peut terminer une histoire là où on l’a débutée et encore appeler cela une histoire ? Pour juger du déplacement opéré pendant que nous nous racontions l’histoire, nous pourrions revenir au point de départ : en observant les lieux des commencements, l’effet que produiraient les paysages inchangés nous éclairerait peut-être sur l’état modifié de notre propre architecture.

    Je ne suis pas de celleux qui rêvent de tour du monde, de sauter d’un lieu inconnu et lointain à un autre. Si je n’ai jamais pris l’avion, il me semble pourtant que ma curiosité est sans limite, seulement je ne cherche pas à étendre mon territoire, mais à le creuser. Il me plait, ce mouvement de revenir, car je peux constater qu’au retour, je vois mieux qu’auparavant. Davantage ou différemment. Si mon regard se portait sans cesse sur des terrains nouveaux, est-ce qu’il me serait possible de mesurer comme mes yeux s’ouvrent plus grand, comme mes pensées me paraissent nouvelles ?

    Dans quelques mois cela fera dix ans que je n’aurai pas vu le Nord où nous nous sommes rencontrés. J’aimerais y retourner avec lui dont je me suis séparée, que la nostalgie ne soit pas du voyage, que la carte postale du souvenir se déchire.

    Pour : Ici

  • (Ici) 52. Mémoire

    août 2015

    J’ai très mauvaise mémoire des lieux.
    Des architectures et des paysages, même de ceux que j’ai aimés, je ne retiens ni les formes ni les couleurs. Des endroits où j’ai passé parfois tant de temps avec plaisir, j’oublie les volumes et les agencements. Même lorsque je fais un effort, que j’observe longtemps et avec attention ce dont j’aimerais me souvenir, cela m’échappe très vite.
    De la même façon que je ne retiens presque rien de l’intrigue des films que je regarde, jusqu’aux scènes les plus marquantes de mes films préférés, pour n’en conserver qu’un ensemble diffus de sensations et ressentis me permettant de savoir s’ils sont assez puissants, denses, pour que je veuille les revoir avec l’espoir d’un plaisir renouvelé, des lieux qui ont compté pour moi je ne peux que dire pourquoi – ce que j’y ai ressenti, si je m’y sentais bien ou non, ce que j’y ai vécu de peurs, de désirs, de frustrations, de joies.
    Pour retenir les faits et les choses, il faut que je me raconte des histoires, comme celle des grilles rouges du parc où il m’a vue pour la première ou deuxième fois sans oser venir me tirer de mon assoupissement. Les grilles du parc ne sont rouges dans mon souvenir que de m’être raconté l’histoire des grilles rouges à de nombreuses reprises. Des barrières entourant la petite étendue d’eau le long de laquelle je me suis promenée pendant des années, je ne me rappellerais, sans une photographie, ni de leur existence ni de leur apparence, seulement qu’elles appartiennent à des belles années de ma vie et à un quartier où il me plairait de revenir me promener.

  • (ARCHIVE) Conditionnel – les seins du musée


    Parmi les centaines de tableaux exposés, elle lui demanderait, en échange de la sienne, de retrouver ses deux paires de seins préférées.

    24/12/2015 détail de Naissance de Benjamin et mort de Rachel, Jacques Pilliard,1841

    Pour : ici
    >conditionnel >lieu-ressource

  • (Ici) La supérette la plus proche de chez moi

    (Vue depuis le parking de.)