Catégorie : nous sommes ici

  • (Déjà vu) août 2016

    08 2016

    pour déja vu (2023 – )

    Ce portrait de notre premier été à habiter entre les montagnes, que j’avais jugé bon de recadrer pour des raisons esthétiques, je lui redonne son cadrage original : je ne veux pas tant me souvenir que nous vapotions que garder une trace du jaune* des murs de ce balcon.

    * ce jaune que j’ai immédiatement et longtemps détesté, jusqu’à ce que je m’en accommode, allant jusqu’à choisir des chaises rouges et me ravir d’avoir déniché une nappe bariolée de jaune, de rouge, de couleurs criant bienvenue à l’été quand ma disposition habituelle est de chuchoter que je préfère avoir trop froid que trop chaud.

  • (Nous sommes ici) chez nous dans du papier bulles

    À bientôt – mais je ne sais quand – ailleurs – mais je ne sais où…

  • (Nous sommes ici) au marché

    Le maraîcher qui ne m’a pas vue depuis un certain temps s’exclame tout sourire « vous avez changé de coiffure ! » et je ne saurais dire à quel point il plaisante quand il dit qu’il m’a reconnue « parce que j’étais avec monsieur ». Sa fille avait pour habitude de nous dire que nous étions beaux, jusqu’à ce que je lui réponde un jour qu’elle n’était pas mal non plus. (J’aurais fait pareil.) ((Un match Tinder que je n’ai jamais rencontré m’a dit que je ressemblais à cette jeune femme qu’avec l’ex nous appelons affectueusement, entre nous, la reine des aromates.)) Je ne lui dis pas, à son père, que je suis venue avec monsieur, mais que je ne suis plus avec monsieur et que c’est pour cette raison qu’il nous voit moins, ensemble ou séparément. Pourquoi lui dirais-je ? Cet hiver, je ne voulais pas qu’il s’imagine que nous étions de ces rigolos qui ne viennent au marché que lorsqu’il fait beau. Pourquoi ne lui dirais-je pas ? Si je peux m’imaginer aimer quelqu’un d’autre, je ne parviens pas à me voir faire le marché, ce marché, avec quelqu’un d’autre et que la reine des aromates nous disent que nous sommes beaux, que nous sommes belles. Comment font celleux qui changent de vie sans changer de ville ? (Vont-ils encore au marché ?) Étrangement, j’aménage encore le balcon que je vais quitter : je crois que je lui dis « s’il te plaît, encore un bel été (quand même) ».

  • Nous sommes ici, et là le souvenir d’Arles, les souvenirs à travers Arles.

    Durant une insomnie, réserver un prochain séjour de quelques jours à Arles, pendant les Rencontres de la photographie. Est-il possible, est-il souhaitable de séparer un futur à Arles des souvenirs qui lui sont associés, directement ou non ? Il me semble que partout où je vais, partout où je suis, je cherche un peu trop consciemment à actualiser toutes celles que j’ai été partout, à mesurer des distances de moi à moi, de moi aux autres, des pensées d’alors et d’ici, et qu’en comparant je souhaite créer une continuité factice qui serait comme une place, une place dans le changement que je me rendrais ainsi, d’une certaine façon, confortable. Suis-je seulement capable d’être ici sans être là aussi ? Quand l’ai-je été pour la dernière fois ? Est-ce qu’être ici, seulement ici, se serait accepter un présent inventé dans l’instant, dont on accepterait qu’il ne puisse être lié ni aux souvenirs ni aux désirs ? Est-ce que dans le seul présent qui vaille, la conscience de soi se dissout dans l’instant ? Quand je pense à Arles, je  me formule parfois que c’est le seul endroit où je me sens à ma place – et cette place, ce ne serait pourtant pas une conscience de soi, un soi qui se sentirait confortable, mais qui s’oublierait, ne chercherait plus la continuité.

  • (Lectures)

    Nous sommes ici, à peine abrités sous ce passage couvert où le vent chargé de gouttes s’engouffre, et là il se pourrait qu’on nous imagine peu téméraires dans nos tenues estivales. Mais nous n’avons jamais peur de finir trempés, non ce n’est pas cela, chaque déluge rappelle des souvenirs de fous rires et arrive toujours un moment où l’on se délecte du désagréable, comme la sensation des orteils mouillés glissant dans des sandalettes prenant l’eau. Que se passe-t-il ici dans l’attente de l’accalmie ? Est-ce que les livres au fond du sac en toile, que l’on protège patiemment, deviennent plus précieux encore ? Non, il ne se passe rien, mais l’on sourit.

  • (Nous sommes ici) 3 juin 2024

    Anna-Eva Bergman, n°18-1963 Feu, vinylique et feuille de métal sur toile, musée des beaux-arts de Lyon

    Journée à Lyon sur un coup de tête : la prochaine fois, prévoir encore moins que rien.

  • (Lecture) Marcheur-cueilleur

  • (Nous sommes ici) 1. Motif(s)

    Quand et pourquoi est-ce qu’un jour, je me mets à remarquer les serpents de bitume sur mon chemin ? Comment est-ce que, soudain, je vois ce que je n’avais jamais vu avant ? – c’est probablement de cette question dont je ne me débarrasse pas lorsqu’après avoir vu pour la première fois, je ne cesse de m’émerveiller à chaque nouvelle vision du motif. Il me semble à présent que chaque fois que je prête attention à ces coulées noires aux formes aléatoires, je suis en train de me réjouir de n’avoir pas de réponse à cette question et ses voisines : à quoi ne prête-je pas attention pour l’instant ? Quelle est l’étendue, la nature, l’importance de ce que je vais bien finir par découvrir ? Les remarquer à nouveau, m’étonner encore, précisément pour ne pas oublier la question.

    (Autres motifs : la valériane, les tables de ping-pong publiques, les forsythias, les pare-soleil argentés sur les pare-brise)

  • [Archive] extrait de Particulière 5

    Extrait de Particulière 5, printemps 2020

    Se souvenir de quelques bonnes idées que j’avais eues avant de me perdre, ou pour me trouver, ou pour me trouver à nouveau ; ajouter des flâneries plus fréquentes au musée.

  • Dans le bus C6, tirage argentique