Auteur/autrice : Laetitia Dë

  • (Ici) 2. Arles

    Durant une insomnie, réserver un prochain séjour de quelques jours à Arles, pendant les Rencontres de la photographie. Est-il possible, est-il souhaitable de séparer un futur à Arles des souvenirs qui lui sont associés, directement ou non ?

    Il me semble que partout où je vais, partout où je suis, je cherche un peu trop consciemment à actualiser toutes celles que j’ai été partout, à mesurer des distances de moi à moi, de moi aux autres, des pensées d’alors et d’ici, et qu’en comparant je souhaite créer une continuité factice qui serait comme une place, une place dans le changement que je me rendrais ainsi, d’une certaine façon, confortable.

    Suis-je seulement capable d’être ici sans être aussi ailleurs, simultanément ?
    Quand l’ai-je été pour la dernière fois ? Est-ce qu’être ici, seulement ici, se serait accepter un présent inventé dans l’instant, dont on accepterait qu’il ne puisse être lié ni aux souvenirs ni aux désirs ? Est-ce que dans le seul présent qui vaille, la conscience de soi se dissout dans l’instant ? Quand je pense à Arles, je  me formule parfois que c’est le seul endroit où je me sens à ma place – et cette place, ce ne serait pourtant pas une conscience de soi, un soi qui se sentirait confortable, mais qui s’oublierait, ne chercherait plus la continuité.

  • (Lectures)

    Nous sommes ici, à peine abrités sous ce passage couvert où le vent chargé de gouttes s’engouffre, et là il se pourrait qu’on nous imagine peu téméraires dans nos tenues estivales. Mais nous n’avons jamais peur de finir trempés, non ce n’est pas cela, chaque déluge rappelle des souvenirs de fous rires et arrive toujours un moment où l’on se délecte du désagréable, comme la sensation des orteils mouillés glissant dans des sandalettes prenant l’eau. Que se passe-t-il ici dans l’attente de l’accalmie ? Est-ce que les livres au fond du sac en toile, que l’on protège patiemment, deviennent plus précieux encore ? Non, il ne se passe rien, mais l’on sourit.

  • (Nous sommes ici) 3 juin 2024

    Anna-Eva Bergman, n°18-1963 Feu, vinylique et feuille de métal sur toile, musée des beaux-arts de Lyon

    Journée à Lyon sur un coup de tête : la prochaine fois, prévoir encore moins que rien.

  • (D’un extrême à l’autre)

    Si ouverte qu’il me semble n’être plus qu’hors de moi, dispersée en x mouvements vers l’autre, traversée.

  • (Lecture) Marcheur-cueilleur

  • (Archive) Chambres à part

    Couple de photographies argentiques réalisées à quatre mains avec A.P.

    Plus de photographies ici.

  • (Lecture) Rainer Maria Rilke

  • (Lecture) Rainer Maria Rilke

    Lettres à un jeune poète
  • (Lecture) « Une attente sans fin de l’aube »

  • (Promener sa peine) Chaton

    J’attends encore de recevoir des cartes postales de villes, de régions, avec des chats.
    En dehors de ma famille, personne d’autre que toi n’aurait osé, sans mon invitation, faire ainsi affront à mes goûts, manquer d’élégance dans la correspondance.
    Tu m’appelais chat, chaton, et je te laissais faire ; c’était une façon comme nombre d’autres de se rappeler régulièrement nous nous autorisions ce que les convenances ne permettaient pas. Nous avions construit une relation qui n’appartenait qu’à nous, à côté de l’attendu social, en dehors même de ce que chacune de nous désirait, aimait.

    Cela, ce mouvement constant vers ce qui nous dérange, ce lien dans l’inconfort et l’indéterminé, c’était si beau que je pouvais supporter, apprécier même, la présence d’une carte kitsch sur l’étagère au dessus de mon bureau.

    (…)

    Pour cet hommage dans la durée, commencer une collection de cartes postales de villes ou de régions, comportant des chats.
    Inviter chacun.e à y contribuer, serait-ce tenter d’apaiser le manque, ou l’entretenir ? Pour moi, c’est un hommage aux liens qui se nouent hors des attentes.

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    Pour Chaton, hommage au long cours (Promener sa peine)