Brouillons, journal

(lecture) chez Jérôme Orsoni :

Pourtant, tout se passe comme si — dans le monde social, c’est ce que je veux dire — qui n’est pas convaincu de détenir la vérité ne pouvait être autorisé à prendre la parole. Alors même que ce devrait être tout le contraire : ne devrait prendre la parole, ne devrait être autorisé à prendre la parole, que qui n’a absolument aucune idée de ce que c’est la vérité, ne devrait être autorisé à parler que qui n’a absolument aucune autorité, ne se revendique d’aucune autorité, ne sait pas quoi dire, ne sait même pas de quoi on parle, n’est même pas certain de savoir parler. On aurait alors affaire à des dialogues aux confins de la raison, de la logique, auxquels on ne comprendrait probablement rien, des gens qui passent leur temps à chercher leurs mots au lieu d’asséner avec le débit de la mitraillette des vérités définitives car contentes d’elles-mêmes, on aurait affaire à des gens qui se taisent, non qu’ils ne croient plus aux pouvoirs de la parole, mais parce qu’ils cherchent leurs mots.  […]

Trois mars deux mille vingt-quatre.

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