Est-ce que j’aimerais pouvoir écrire que lorsque le sol semblait s’effondrer sous mes pas, le nous était une évidence à laquelle se rattacher ? Certains jours, probablement. Seulement il n’y a pas beaucoup plus de certitudes dans ce que nous construisons ensemble que dans ce que nous sommes ou avons été chacun séparément. Ce lien fort mais sans cesse remodelé, qu’aucun de nous deux ne rechignerait à qualifier d’exceptionnel, nous refusons de l’appeler chance tant il est le résultat de nos efforts et d’un dialogue ininterrompu que d’un destin. D’ailleurs ce nous, ou entre nous, ne nous dépasse rarement, ayant même le plus souvent un train de retard sur le courage de chacun. Cette inertie avec laquelle nous aimerions n’avoir rien à faire, nous fait-elle vivre un peu moins ou un peu mieux ? C’est dans cet espace qui paraît ne pas nous appartenir qu’éclatent des disputes pouvant s’évanouir dans l’effort d’une heure de course à pied à la tombée de la nuit. Tout à la fois déraison de veille de randonnée et éclaircissement des idées, à mesure que l’on foule les petites frustrations, irritations, réactions égoïstes et que ne reste que ce qui importe : ce que l’on fait avec ce qu’on est, ce que l’on pense.
Bientôt 13 ans.
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