Les deux petits carnets remplis de notes qui ne m’étaient d’aucun secours pour donner la forme de deux ou trois phrases à ma pensée, je les ai jetés. Je viens de les jeter de la même façon qu’il y a quelques mois je portais deux très lourds cabas de carnets – une décennie de notes – à la déchetterie et donnais quelques sacs de vêtements dont la seule qualité était, si c’en est une, de briller. Par de la même façon j’entends : avec le courage de n’accorder que peu de valeur aux possibles et de s’accepter pauvre, ou peut-être seulement riche du geste répété de choisir. Car si penser et choisir aboutit presque toujours au choix de faire à nouveau (au lieu de faire plus, en plus), faire à nouveau à partir du presque rien qu’on s’est choisi, alors est-ce encore préférer ce qui pourrait être à ce qui est ? (Ou tout dépenser pour ce dont on juge qu’il devrait être ?)
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