Nécessité et difficulté de s’extraire du partage immédiat, des images que l’on préfèrerait non brillantes, recouvertes de sédiments. Parfois j’ai l’impression d’échanger comme je prends des notes.
Qui pense à qui et où ? Qui pense à quoi et où ? Qu’emportent-ils avec eux lorsqu’ils se déplacent ? Jusqu’où peut-on partir quand nous restons ?
Certaines phrases du film de Frank Beauvais, « Ne croyez surtout pas que je hurle », sur lesquelles j’aimerais revenir.
Il m’est donné deux adresses, je suis invitée à choisir celle qui me parle le plus. Bientôt la reprise des correspondances, j’envisage de rendre mon carnet d’adresses roulant.
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Reçu « Habitacles » de Jérôme Orsoni. Depuis que j’ai lu ses « Monstres littéraires » et que je suis assidument son journal en ligne, j’invite les lecteurs voulant bien m’entendre à s’intéresser à ses textes. Je me dis que peut-être, dans ce qui est vraiment beau se loge toujours une porosité, une adresse invisible mais puissante qui se fait immédiatement une place dans l’agencement de notre propre monde. La rencontre s’impose comme une actualité, plus que toute sortie de la rentrée littéraire, à cause des liens spontanément tissés, de ceux que personne ne nous a suggérés, et qu’on aurait bien du mal à communiquer autrement que dans une invitation à interpréter. Alors que je ne sais par quel bout reprendre mon projet itinéraires intimes, (…)
Cela fait quelques années que j’ai choisi d’amputer bonne part de mon salaire pour reprendre la main sur une partie de mon temps. Certaines semaines, s’extraire d’une adresse immédiate, se retenir pour (s’)offrir plus justement – débarrassée des heures où l’on ne s’appartient pas tout à fait, est plus difficile que d’autres. Celles-ci le sont, j’appelle à l’aide et les âmes amies, patientes, disent d’essayer encore. Reprendre ce journal est une ruse pour porter secours à cette nouvelle tentative. Bonne rentrée à tous, allez voir ailleurs et dites-moi si j’y suis aussi.