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(Ici)
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(Ici) 27. salle 5*
Par une journée de chaleur étouffante, je me rends à vélo dans un de mes deux cinémas préférés de Grenoble, pour la séance du soir. Je suis si peu vêtue qu’il me semble être nue, pourtant dans cette toute petite salle de cinéma l’indécence me paraît venir de ces pieds nus posés sur les fauteuils. J’envie quelque peu ce laisser aller frôlant l’impolitesse dont je ne suis pas familière, et je sais déjà que de ce sentiment naît un geste que je reproduirai pour revenir dans cette salle, cette moiteur, dans l’esprit de ce film. -
(Vu) Napoli, Anders Petersen
La très belle édition à deux cahiers, vue parmi la sélection du prix du livre d’auteur des Rencontres de la photographie 2024 à Arles.
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(Déjà vu) août 2016
Ce portrait de notre premier été à habiter entre les montagnes, que j’avais jugé bon de recadrer pour des raisons esthétiques, je lui redonne son cadrage original : je ne veux pas tant me souvenir que nous vapotions que garder une trace du jaune* des murs de ce balcon.
* ce jaune que j’ai immédiatement et longtemps détesté, jusqu’à ce que je m’en accommode, allant jusqu’à choisir des chaises rouges et me ravir d’avoir déniché une nappe bariolée de jaune, de rouge, de couleurs criant bienvenue à l’été quand ma disposition habituelle est de chuchoter que je préfère avoir trop froid que trop chaud.
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(Archive) argentique 2021
Portrait au kimono, par A. guidé par moi.
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(Ici) 2. Arles
Durant une insomnie, réserver un prochain séjour de quelques jours à Arles, pendant les Rencontres de la photographie. Est-il possible, est-il souhaitable de séparer un futur à Arles des souvenirs qui lui sont associés, directement ou non ?
Il me semble que partout où je vais, partout où je suis, je cherche un peu trop consciemment à actualiser toutes celles que j’ai été partout, à mesurer des distances de moi à moi, de moi aux autres, des pensées d’alors et d’ici, et qu’en comparant je souhaite créer une continuité factice qui serait comme une place, une place dans le changement que je me rendrais ainsi, d’une certaine façon, confortable.
Suis-je seulement capable d’être ici sans être aussi ailleurs, simultanément ?
Quand l’ai-je été pour la dernière fois ? Est-ce qu’être ici, seulement ici, se serait accepter un présent inventé dans l’instant, dont on accepterait qu’il ne puisse être lié ni aux souvenirs ni aux désirs ? Est-ce que dans le seul présent qui vaille, la conscience de soi se dissout dans l’instant ? Quand je pense à Arles, je me formule parfois que c’est le seul endroit où je me sens à ma place – et cette place, ce ne serait pourtant pas une conscience de soi, un soi qui se sentirait confortable, mais qui s’oublierait, ne chercherait plus la continuité. -
(D’un extrême à l’autre)
Si ouverte qu’il me semble n’être plus qu’hors de moi, dispersée en x mouvements vers l’autre, traversée.
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(Archive) Chambres à part
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(Nous sommes ici) 1. Motif(s)
Quand et pourquoi est-ce qu’un jour, je me mets à remarquer les serpents de bitume sur mon chemin ? Comment est-ce que, soudain, je vois ce que je n’avais jamais vu avant ? – c’est probablement de cette question dont je ne me débarrasse pas lorsqu’après avoir vu pour la première fois, je ne cesse de m’émerveiller à chaque nouvelle vision du motif. Il me semble à présent que chaque fois que je prête attention à ces coulées noires aux formes aléatoires, je suis en train de me réjouir de n’avoir pas de réponse à cette question et ses voisines : à quoi ne prête-je pas attention pour l’instant ? Quelle est l’étendue, la nature, l’importance de ce que je vais bien finir par découvrir ? Les remarquer à nouveau, m’étonner encore, précisément pour ne pas oublier la question.
(Autres motifs : la valériane, les tables de ping-pong publiques, les forsythias, les pare-soleil argentés sur les pare-brise)
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Dans le bus C6, tirage argentique