Au cours de l’année 2021, j’apprends avec un an de retard la mort d’une femme de mon âge.
À relation indéfinie, perte indéfinie ?
En deuil sans oser le dire, j’entreprends de donner forme à ma peine illégitime et ma culpabilité à travers une série d’hommages discrets (que l’on peine à voir ou à identifier comme tels).
J’entends promener ma peine sous un ciel bleu.
Hommages ponctuels :
- Des baisers, une empreinte… – été 2021
- La manucure – janvier 2022
- Un photomaton de St Valentin – février 2022
- Des signes distinctifs (non rendu) – mars 2022
- Soulever sa peine (à répétitions) – avril 2022
- Des sequins sur un volcan – juillet 2023
- Violette (siroter le réel) – décembre 2023
Hommages au long cours :
Vous marchez avec plaisir, espérant comme à votre habitude perdre celle-ci, trouver celle-là. Une fois de plus, vous vous isolez sur un chemin tranquille, peu fréquenté, loin de l’agitation courante. Il se trouve qu’au fil du temps, vous avez développé toutes sortes de pratiques pour vous décontaminer et entendre votre forme à nouveau, malgré les porosités. En sortant de vos imaginés, vous vous retrouvez seuls face à la catastrophe. Les amis, distraits, ont-ils fui sans faire exprès avec vos possibles ? Vous voilà incapables de penser une autre version de l’histoire qui vous est racontée et vous attendez ici, patiemment, que votre peine vous reconnaisse et vous entraîne ailleurs. Celle qui se présente à vous, la seule à même d’offrir des limites à vos larmes, est illégitime. Votre tristesse épouse alors ses contours et déjà vous épuisez ce sinistre qui ne vous appartient pas : bientôt vous promènerez votre peine sous un ciel bleu.