Notes

  • Développé le week-end dernier deux pellicules noir et blanc, shootées au Reto UWS, ce tout petit appareil dit point-and-shoot acheté pour sa discrétion et le fait qu’il puisse, contrairement à mon appareil principal, toujours trouver place dans mon sac. Lundi j’en réalisais les planches-contacts mais surtout, je m’essayais pour la première fois à tirer sur un format plus grand que le 13×18, un 20×30 à peu près. L’un de ces grands tirages, agrandi à partir d’un négatif couleur, a nécessité 12 minutes d’exposition. Si l’on y ajoute les temps de tests, et que l’on multiplie par trois tirages, cela fait beaucoup de temps à attendre dans la lumière rouge : qu’en faire sinon écrire le texte dont l’image est l’illustration ?

  • J’essaie de ne pas oublier son visage, que j’ai si peu regardé.

    Quelle chance y avait-il pour que l’esthéticienne « de dépannage » que je rencontre pour me faire épiler les aisselles la veille d’un bref séjour à Arles ait une croix de Camargue tatouée sur la cheville, et qu’elle me la montre ?

  • [figje] pour hommage discret de mai.

  • Archives, dépoussiérage. À retrouver dans Particulière 5.

  • De retour de Marseille sans notes ni photos prises à d’autre fin que le souvenir, je repense aux « itinéraires intimes », cet ancien texte fragmentaire qu’il me tenait tant à cœur d’écrire que j’en ai jeté tous les carnets de notes et matériaux il y a un ou deux ans, en même temps qu’une décennie de journaux, de ne parvenir à le faire. Il me semblait qu’à ne plus vouloir m’exprimer comme la fille de mes parents, comme l’élève studieuse que j’avais été, comme l’adolescente menteuse, la jeune femme séductrice, comme l’amie de ceux dont je n’appréciais plus la compagnie, comme les écrivains qui avaient agrandi mon monde, comme le milieu professionnel auquel j’avais voulu appartenir à vingt ans ; il me semblait qu’à ne plus vouloir exprimer que la distance avec celles que j’avais été, qu’à me méfier de tout ce qui pourrait me faire raconter une autre histoire que celle que je choisirais librement, j’avais détruit toute possibilité de dire (dans les bons jours, de penser dans les mauvais).


    De retour de Marseille sans avoir envoyé de cartes postales ni abandonné quoique ce soit de moi dans la ville, la différence avec mes précédents déplacements me paraît tenir au fait de n’avoir pas tenu à me dire, d’avoir moins voulu raconter d’histoires qu’y participer. Ce plan sur lequel j’avais collé quelques gommettes argentées avant de partir, je m’en sépare facilement au profit d’une autre personne ; facilement, inopinément et avec le plaisir de qui s’extrait du sujet avant d’avoir terminé sa phrase.
    De retour de Marseille, c’est sur une autre langue que la mienne que j’aperçois fondre les pastilles turinoises et l’image m’enchante : j’y entrevois d’étrangères manières de raviver l’intention de mes itinéraires, qui n’ont plus grand-chose à voir ni avec mes possibles ni mes peurs, et m’y épuise sans regret.