Catégorie : Promener sa peine

  • Réalisé il y a quelques jours cette image, représentation de l’hommage non rendu de mars : « signes distinctifs ».
    L’inventaire en cours de ces hommages discrets est à retrouver sur cette page que je compte bien mettre à jour petit à petit ce mois-ci.

  • Programme de mars : VI. Des signes distinctifs. Je poursuis mes hommages, d’autant plus invisibles que j’accumule du retard dans la formalisation de leurs intentions et l’archivage de leurs traces. En cela (leur retard dans une chronologie que je suis seule à connaître) et par d’autres aspects, ils ont toute leur place dans ma vie (s’insèrent dans ses défauts les plus flagrants). Je sens que la joie qui revient, les désirs qui se déplient n’iront pas contre cette peine, que je les promènerai tous à la fois.

  • Et si je revenais à mon envie première en mettant en ligne ce site, et en le nommant ainsi ? Un atelier davantage qu’une vitrine. Du brouillon, la spontanéité et le caractère non définitif.

    Si tu savais, Anna, les jours que tu sauves.

    J’ai le plus grand mal à faire traverser les saisons à ce projet photographique, qui me tient pourtant tant à cœur, entamé cet été. « J’irai promener ma peine sous un ciel bleu », « une journée à ne pas y mettre fin », « les jours que tu sauves ». Je nomme, renomme mais reste incapable de formuler mes intentions sans ambiguïté. Et comme pour à peu près tout ce que je fais, dans tous les domaines de ma vie, il m’est impossible de continuer à faire si je ne peux dire pourquoi. (Il n’y a qu’au bord du suicide qu’on pourrait m’entendre dire « c’est la vie ».)
    Je sais que quelque chose de crucial se joue ici, à la libération de l’expression, de mon appartenance au monde. Un quelque chose qui ne tient pas tant du développement personnel que de la conviction politique, un quelque chose de grand qui passe par des tentatives ridicules. De la même façon que je me réjouis de retrouver la santé après des mois et des mois d’entraînements lamentables à la course à pied, il me plaît de travailler à faire disparaître des points de côté d’un autre ordre à partir ce projet hautement symbolique pour moi.

  • On se moque de moi, Anna, quand je dis que le retour des oranges siciliennes illumine mon hiver, qu’elles m’emplissent de joie. Je ne sais pas si cela me blesse pour ce que cela a de faux : non, il ne m’en faut pas peu ; non, je ne me contente pas, jamais, de quoi que ce soit, et cela m’épuise, d’une fatigue dont leur sang ne saurait me réveiller. Évidemment que ma consommation saisonnière de Tarocco, aussi déraisonnable soit-elle, ne peut rien au manque de joie(s) qui est le mien en ce moment, en ce moment qui dure et éprouve ma patience. Je ne suis plus triste mais j’ai encore cette sensation d’attendre, de me préparer à quelque chose qui ne vient pas et pour lequel je ne peux faire beaucoup plus d’efforts que ce que je ne fais déjà (pour me sentir bien, mieux, dans la bonne direction). Ce soir il me semble qu’il serait plus facile de me laisser aller à une tristesse confuse que de considérer l’attente active comme la solution la plus raisonnable. Suis-je blessée de n’avoir pu partager cela, ou pour ce que mes propos maladroits avaient de vrai ? Je m’exprime mal quand je compare les oranges à un doudou mais il y a quelque chose d’honnête quand j’avoue la forte charge symbolique, il y a quelque chose d’honnête et de puissant dans cette vraie joie de l’orange dont j’aurais tort d’avoir honte. Qui fait que je suis blessée d’être incomprise, de n’avoir su me faire comprendre, de n’avoir réussi à communiquer une subtilité, blessée mais vivante, contrairement à celle dont les oranges ne pouvaient sauver les jours. Quand je me demande ce qui pourrait me faire du bien, me faire plus de bien que mes efforts pour aller dans la bonne direction, donc ce qui pourrait m’enthousiasmer, je peine à imaginer autre chose qu’une amitié libidineuse avec une quadra-quinqua qui trouverait touchante que la vingtaine séduisante ait laissé place à une trentaine sans assurance. Qui sans m’ôter quoique ce soit du poids de qui s’efforce d’être libre et responsable, m’apaiserait un peu, je ne sais comment – si, je le sais, comme j’ai su le faire pour d’autres quand je ne doutais pas : en imaginant un peu pour eux. Bien sûr que je pense à toi, Anna, quand je l’imagine. Elle est celle qu’il t’aurait fallu et celle que tu aurais pu être, elle a ta passion et ton exigence, des lèvres peut-être un peu plus épaisses qui retiennent ces mots que tu me disais trop vite. Anna, à présent je fais plus que je n’imagine et c’est trop peu pour m’emplir de joie. Mais tu étais la rencontre qui les contenait toutes, alors je n’embrasse plus que la fin des possibles, mes désirs tout repliés, j’attends la joie en épluchant mes oranges.

  • La fin des possibles.

    tirage argentique n&b d’après un cliché recadré d’Arnaud, texte tapuscrit sur masking tape argenté, 10x15cm Ilford RC perlé

    Cartes réalisées pour A., F., Ni., No. et moi-même. Envoyées : 1/5.
    (La fin des possibles est à mettre en relation avec « promener sa peine sous un ciel bleu » et le fléchissement de la mécanique.)

  • Promener sa peine sous un ciel bleu (nouvelle page)

  • Recherches pour un baiser,
    atelier mobile pour cyanotypes sur le chemin des habitudes.