Auteur/autrice : Laetitia Dë

  • (Ici) 62. faible

    J’ai un faible pour celleux qui ne se garent pas au plus près, font des pauses là où ce n’est pas prévu, soignent les transitions, l’entre-deux.

  • (Ici) Image. Boris Vian.

  • À la machine

  • (Ici) 54. Revenir

    Est-ce que l’on peut terminer une histoire là où on l’a débutée et encore appeler cela une histoire ? Pour juger du déplacement opéré pendant que nous nous racontions l’histoire, nous pourrions revenir au point de départ : en observant les lieux des commencements, l’effet que produiraient les paysages inchangés nous éclairerait peut-être sur l’état modifié de notre propre architecture.

    Je ne suis pas de celleux qui rêvent de tour du monde, de sauter d’un lieu inconnu et lointain à un autre. Si je n’ai jamais pris l’avion, il me semble pourtant que ma curiosité est sans limite, seulement je ne cherche pas à étendre mon territoire, mais à le creuser. Il me plait, ce mouvement de revenir, car je peux constater qu’au retour, je vois mieux qu’auparavant. Davantage ou différemment. Si mon regard se portait sans cesse sur des terrains nouveaux, est-ce qu’il me serait possible de mesurer comme mes yeux s’ouvrent plus grand, comme mes pensées me paraissent nouvelles ?

    Dans quelques mois cela fera dix ans que je n’aurai pas vu le Nord où nous nous sommes rencontrés. J’aimerais y retourner avec lui dont je me suis séparée, que la nostalgie ne soit pas du voyage, que la carte postale du souvenir se déchire.

    Pour : Ici

  • (Ici) 52. Mémoire

    août 2015

    J’ai très mauvaise mémoire des lieux.
    Des architectures et des paysages, même de ceux que j’ai aimés, je ne retiens ni les formes ni les couleurs. Des endroits où j’ai passé parfois tant de temps avec plaisir, j’oublie les volumes et les agencements. Même lorsque je fais un effort, que j’observe longtemps et avec attention ce dont j’aimerais me souvenir, cela m’échappe très vite.
    De la même façon que je ne retiens presque rien de l’intrigue des films que je regarde, jusqu’aux scènes les plus marquantes de mes films préférés, pour n’en conserver qu’un ensemble diffus de sensations et ressentis me permettant de savoir s’ils sont assez puissants, denses, pour que je veuille les revoir avec l’espoir d’un plaisir renouvelé, des lieux qui ont compté pour moi je ne peux que dire pourquoi – ce que j’y ai ressenti, si je m’y sentais bien ou non, ce que j’y ai vécu de peurs, de désirs, de frustrations, de joies.
    Pour retenir les faits et les choses, il faut que je me raconte des histoires, comme celle des grilles rouges du parc où il m’a vue pour la première ou deuxième fois sans oser venir me tirer de mon assoupissement. Les grilles du parc ne sont rouges dans mon souvenir que de m’être raconté l’histoire des grilles rouges à de nombreuses reprises. Des barrières entourant la petite étendue d’eau le long de laquelle je me suis promenée pendant des années, je ne me rappellerais, sans une photographie, ni de leur existence ni de leur apparence, seulement qu’elles appartiennent à des belles années de ma vie et à un quartier où il me plairait de revenir me promener.

  • (Ici) 48. Exercice – les yeux de l’autre

    Dans un lieu d’exposition, une librairie, une ressourcerie, les rues d’une ville, en regardant tout autant avec notre regard que celui des personnes aimées, nous ne nous promènerions plus jamais seuls.

    Accompagné(e)s de la pensée de nos amitiés et de nos désirs, tout serait remarquable au delà de nos centres d’intérêt, de nos goûts propres, de nos ressentis. Ainsi nous vivrions des moments de solitude qui n’auraient pas la pesanteur d’un moi conforté, mais l’ouverture des mondes superposés.

  • (Ici) 46. Catherine et les avions

    En séjournant, cet été, deux semaines dans le village où habite (une partie de) ma famille, je retrouve le bruit, très présent, des avions militaires. Je me fais la remarque que n’y ayant passé que peu de temps adulte, j’avais complètement occulté de ma mémoire cet élément du décor, où j’ai pourtant passé tous mes étés enfant. Il faut dire qu’à l’époque je vivais moi-même dans un village pourvu d’une base de l’armée de l’air et que ces vols rythmaient mon quotidien. Je me souviens qu’en terminale, ayant déménagé en ville, je pus constater l’effet de surprise que produisait sur mes nouveaux camarades ce son familier : à la première occurrence, ma nouvelle meilleure amie s’était abritée sous le bureau que nous partagions, et moi qui avais toujours été jusque là une élève discrète, j’avais éclaté de rires. Ici semblait commencer ma vie d’adulte, à seize ans et demie, hors du bruit de l’autorité.

  • (Ici) 32. Exercice – correspondance

    Et si nous allongions la durée de notre correspondance entre deux trains ?
    Que pourrions-nous faire – de gestes ou mouvements de pensée – pour que le temps perdu nous paraisse gagné, se transforme en faille ludo-temporelle, en aubaine ?

    Valence ville, butin d’1h46 : un *motif (serpent de bitume), une *carte postale chaton, un déjeuner au parc (*lieu-ressource), 3 tomates et un tube de mayonnaise pour le sdf voulant améliorer sa salade composée.

    *exercice *train *motif *carte postale *lieu-ressource

  • (Ici) 8 août 2024

    Belvédère de Monteynard
  • (Ici) 31. conditionnel


    Elle s’autorisait à m’écrire, sur la carte postale d’une ville, ses souvenirs d’un autre lieu.