L’hommage d’avril consiste à soulever sa peine, à répétitions.
Ça s’invente facilement : j’achète le deuxième jour du mois une paire d’haltères de la couleur des murs de sa chambre, celle de nos premières webcams.
Tu habitais violette chez tes parents, nos nuits éloignées se chargeaient du désir de nos vingt ans – de jouir, de souffrir, d’aimer sans rien y connaître – si bien qu’à trente nous n’avions su devenir de douces amies, même l’indifférence était violente. Nous imaginions le meilleur et le pire de cette rencontre si différée ; tu n’avais pas tort quand tu disais que nous ne serions froides jamais, jamais nous serions. En souvenir de tes bras et de nos promesses endurantes, j’oublie pour toi l’idéal fessier et chaque jour soulève ma peine de ne pas nous avoir osé. A répétitions j’enterre les possibles pour celle(s) que tu enviais déjà.