Notes
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(Ici) 54. Revenir
Est-ce que l’on peut terminer une histoire là où on l’a débutée et encore appeler cela une histoire ? Pour juger du déplacement opéré pendant que nous nous racontions l’histoire, nous pourrions revenir au point de départ : en observant les lieux des commencements, l’effet que produiraient les paysages inchangés nous éclairerait peut-être sur l’état modifié de notre propre architecture.
Je ne suis pas de celleux qui rêvent de tour du monde, de sauter d’un lieu inconnu et lointain à un autre. Si je n’ai jamais pris l’avion, il me semble pourtant que ma curiosité est sans limite, seulement je ne cherche pas à étendre mon territoire, mais à le creuser. Il me plait, ce mouvement de revenir, car je peux constater qu’au retour, je vois mieux qu’auparavant. Davantage ou différemment. Si mon regard se portait sans cesse sur des terrains nouveaux, est-ce qu’il me serait possible de mesurer comme mes yeux s’ouvrent plus grand, comme mes pensées me paraissent nouvelles ?
Dans quelques mois cela fera dix ans que je n’aurai pas vu le Nord où nous nous sommes rencontrés. J’aimerais y retourner avec lui dont je me suis séparée, que la nostalgie ne soit pas du voyage, que la carte postale du souvenir se déchire.
Pour : Ici
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(Déjà vu) ajout
extraite de la série en cours Déjà vu 2015 – 59650 Villeneuve d’Ascq
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(Ici) 52. Mémoire
août 2015 J’ai très mauvaise mémoire des lieux.
Des architectures et des paysages, même de ceux que j’ai aimés, je ne retiens ni les formes ni les couleurs. Des endroits où j’ai passé parfois tant de temps avec plaisir, j’oublie les volumes et les agencements. Même lorsque je fais un effort, que j’observe longtemps et avec attention ce dont j’aimerais me souvenir, cela m’échappe très vite.
De la même façon que je ne retiens presque rien de l’intrigue des films que je regarde, jusqu’aux scènes les plus marquantes de mes films préférés, pour n’en conserver qu’un ensemble diffus de sensations et ressentis me permettant de savoir s’ils sont assez puissants, denses, pour que je veuille les revoir avec l’espoir d’un plaisir renouvelé, des lieux qui ont compté pour moi je ne peux que dire pourquoi – ce que j’y ai ressenti, si je m’y sentais bien ou non, ce que j’y ai vécu de peurs, de désirs, de frustrations, de joies.
Pour retenir les faits et les choses, il faut que je me raconte des histoires, comme celle des grilles rouges du parc où il m’a vue pour la première ou deuxième fois sans oser venir me tirer de mon assoupissement. Les grilles du parc ne sont rouges dans mon souvenir que de m’être raconté l’histoire des grilles rouges à de nombreuses reprises. Des barrières entourant la petite étendue d’eau le long de laquelle je me suis promenée pendant des années, je ne me rappellerais, sans une photographie, ni de leur existence ni de leur apparence, seulement qu’elles appartiennent à des belles années de ma vie et à un quartier où il me plairait de revenir me promener. -
(ARCHIVE) Conditionnel – les seins du musée
Parmi les centaines de tableaux exposés, elle lui demanderait, en échange de la sienne, de retrouver ses deux paires de seins préférées.24/12/2015 détail de Naissance de Benjamin et mort de Rachel, Jacques Pilliard,1841 Pour : ici
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