C’est en convalescence qu’un nouveau geste m’est venu, sans y réfléchir : j’ai coupé l’orange sanguine en quatre et à quatre reprises croqué dans le morceau, plaquant mes dents contre l’intérieur de la peau et faisant exploser la pulpe dans ma bouche. Ce faisant, j’ai trouvé l’expérience sauvage et délicieuse, il m’a semblé – alors même que j’avais toujours entouré la consommation de cette variété d’oranges du soin respectueux qu’on réserve aux choses délicates et rares – que c’était la meilleure façon de procéder. Fallait-il que je sois malade ou sans témoin pour la découvrir ? Si cette expérience, je l’ai faite dans ce nouveau chez-moi qui ne m’a connue que malade, il m’a tout de suite paru signe de santé : c’est bien ici, malgré les apparences actuelles, que je vais vivre mieux.
Que partout il y ait un peu de jeu, assez de place pour s’écarter.