Catégorie : nous sommes ici

  • (Ego + ici) autoportrait à la bibliothèque municipale

    Quelle aisance, quel ancrage dans le présent – dont il me semble pourtant manquer grandement – lisent sur mon visage ces inconnus me demandant une direction, dans une ville, un quartier que je ne connais pas plus qu’eux ?

    Il est si fréquent que l’on m’interpelle pour un renseignement, même dans un lieu où quelqu’un d’autre est payé pour le donner, que je ne peux que constater que je ne dois pas tout à fait me débarrasser, dans mon temps libre, de l’attitude que j’adopte durant mes heures travaillées.

    Qui me croise par hasard et me reconnaît  me trouve pourtant rêveuse, absorbée dans mes pensées. Qui ose tout de même m’aborder aura l’impression de me déranger, de tomber au mauvais moment.
    Il me semble alors que celles et ceux qui ne me connaissent pas peuvent voir un désir inassouvi, un appel – peut-être furtif dans le regard – à être dérangée, que mon comportement nie presque immédiatement lorsque je ne peux pas me rendre utile.

    Combien de promenades ai-je faites comme de sourds appels au secours ? Il m’apparait que je pourrais cartographier la ville avec ces mains tendues non saisies, tracer ces chemins que je ne cesse toutefois de parcourir encore et encore avec l’espoir de ne pas être, ne pas rester celle que je suis.

  • (Lien) ici. exercices avec Noam

    Extraits de « Activating cities » et sa version traduite/augmentée « Marcheur-cueilleur » de Noam Assayag. (Voir : Ressources)

  • (Lien) André Carpentier

    « Il y a ce moment du flâneur que j’appelle la rencontre muette. Dans un café, dans un parc, dans une rue, se trouver à proximité d’individus, à portée de regard, mais sans la pleine médiation du regard, à portée de parole, mais sans l’entremise de la parole, sans le contact direct. En présence, mais sans l’adresse à l’autre. En fait, dans la seule dualité de la présence nue. Une rencontre presque à sens unique, par les sens et par l’intuition.

    C’est dans cet esprit qu’on repère le mieux ces individus en échappée, qui, seuls ou en grappe, tendent à produire une vie humaine singulière au sein de la norme et de la vie quotidienne, qui est aussi une vie partagée. Leur paradoxe est le détournement dans l’attachement à la règle et au quotidien. Ces marginaux, ces flâneurs à temps plein dont je parle, donnent en sourdine le spectacle d’un usage de soi, dans l’ordinaire des jours, qui leur permet de créer une cohérence pour soi tout en se maintenant dans le registre des règles communes et dans le courant de la quotidienneté. Ils résistent aux usages répétitifs, à l’émiettement du quotidien, au trop peu de sens de l’agir ordinaire, par des inventions, des astuces, des ruses, des détournements, des insoumissions et autres conduites tactiques « articulées sur des “détails” du quotidien » (de Certeau, 1980, p. 14). Ces personnages donnent l’exemple d’un agir qui permet de se réapproprier l’espace organisé, ainsi que ses usages. Ils s’inventent un devenir en œuvrant à leur adaptation sans nuire à quiconque et en n’étant pareil à personne, bien qu’adhérant au contingent social. J’exagère peut-être, mais il me semble distinguer, dans l’exhibition de ce démarquage mesuré, d’infimes et négligeables traces, mais des traces quand même, d’une procédure de régénération de la vie quotidienne et des normes du vivre ensemble. »

    Extrait de : « Être auprès des choses. L’écrivain flâneur tel qu’engagé dans la quotidienneté » par André Carpentier, à lire sur le site de l’Observatoire de l’Imaginaire Contemporain.

  • (Liens) Remarquer Marseille (Nina Rendulić)

  • Ici. 37.

    Il, elle te dirait : « et si on allait ailleurs ? » et tu accepterais, sans chercher à comprendre les motivations. Pour le plaisir d’être en mouvement, sans avoir à l’initier, pour le plaisir de faire plaisir, pour la surprise, pourquoi pas.

  • (Lien) J.O. du 17.12.22

    « Herbie Hancock ajoute qu’il a compris ce soir-là qu’il ne fallait pas s’attendre à ce que le monde corresponde à nos désirs, nous rendant ainsi les choses faciles, pour ainsi dire, mais qu’il fallait être prêt, être disposé, avoir l’esprit suffisamment ouvert pour faire l’expérience des situations telles qu’elles sont afin de pouvoir en faire quelque chose de bon. Si tu n’accueilles pas la réalité telle qu’elle est, telle qu’elle est et non telle que tu voudrais qu’elle soit, tu ne peux rien en faire, tu ne peux pas faire qu’une fausse note soit juste. Tu te condamnes à être prisonnier de toi-même , de tes désirs tautologiques, au lieu de faire l’expérience des choses telle qu’elles sont. C’est cela, l’esthétique de l’attention — une esthétique, et donc une éthique — : accueillir la réalité telle qu’elle est afin d’être capable de trouver une façon de faire sonner juste le faux. »

    Extrait de l’entrée du 17.12.22 du journal de Jérôme Orsoni.

  • (Ici) 62. faible

    J’ai un faible pour celleux qui ne se garent pas au plus près, font des pauses là où ce n’est pas prévu, soignent les transitions, l’entre-deux.

  • (Ici) Image. Boris Vian.

  • (Ici) Galerie – le Nord (201x)

    Ici – Ajout d’une nouvelle galerie
    Photographies argentiques et numériques, prises entre 2008 et 2015, le 59 et la capitale belge.

  • (Ici) 54. Revenir

    Est-ce que l’on peut terminer une histoire là où on l’a débutée et encore appeler cela une histoire ? Pour juger du déplacement opéré pendant que nous nous racontions l’histoire, nous pourrions revenir au point de départ : en observant les lieux des commencements, l’effet que produiraient les paysages inchangés nous éclairerait peut-être sur l’état modifié de notre propre architecture.

    Je ne suis pas de celleux qui rêvent de tour du monde, de sauter d’un lieu inconnu et lointain à un autre. Si je n’ai jamais pris l’avion, il me semble pourtant que ma curiosité est sans limite, seulement je ne cherche pas à étendre mon territoire, mais à le creuser. Il me plait, ce mouvement de revenir, car je peux constater qu’au retour, je vois mieux qu’auparavant. Davantage ou différemment. Si mon regard se portait sans cesse sur des terrains nouveaux, est-ce qu’il me serait possible de mesurer comme mes yeux s’ouvrent plus grand, comme mes pensées me paraissent nouvelles ?

    Dans quelques mois cela fera dix ans que je n’aurai pas vu le Nord où nous nous sommes rencontrés. J’aimerais y retourner avec lui dont je me suis séparée, que la nostalgie ne soit pas du voyage, que la carte postale du souvenir se déchire.

    Pour : Ici