Vivre avec nos images, assez longtemps pour faire le tri, éliminer celles qui lassent, ne trouvent pas leur place, garder celles dont le sens s’amplifie au fil des jours, de la vie partagée, de la compagnie des autres.
Vivre aussi avec celles qui ne sont pas ou n’ont pas été, à (re)créer, auxquelles prêter attention pour saisir l’occasion ou la provoquer.
Motif de la vitre brisée qui se répète, du numérique (2018) à l’argentique (2022) et qui me renvoie très vite aux textes écrits pour Particulière 4 (disponible à la lecture sur cette page).
(Que pourrais-je écrire de plus qui expliquerait mon sentiment, une légère déception, le jour où je me suis rendue compte que la vitre de la porte d’entrée de mon immeuble avait été remplacée ?)
Fin novembre, première expérience de tirage dans un autre laboratoire argentique que celui que j’installe d’ordinaire chez moi, dans une chambre et la salle de bains. En devenant membre de l’association grenobloise « point barre photo » , je peux utiliser un laboratoire certes moins privé, mais plus ergonomique et donc moins éprouvant physiquement. Je compte essayer cette solution dans les semaines à venir, pour continuer à tirer dans une période où je n’ai pas autant de temps et d’énergie que je ne le souhaiterais à consacrer à cette pratique. La première séance a été concluante : j’ai été surprise de m’approprier assez rapidement les lieux, et de réaliser plus de tirages de lecture que je n’avais prévus. A voir : si je m’y sens assez confortable pour réaliser des tirages plus délicats techniquement ou plus personnels, si je suis capable de travailler avec de la compagnie, et si cela change quelque chose à ma pratique.
Mis en ligne un .pdf des tirages de « chambres à part », série de photographies argentiques à quatre mains avec Arnaud Perrot, actuellement en cours. (Inventaires des paires de la série en novembre 2022.)
J’aimerais un nouveau carnet pour en faire le pendant hivernal de cette archive. Mesurer, non, mais qualifier, comprendre, questionner la distance parcourue, avec pour espoir de défroisser la joie.
Cet itinéraire de celle qui reste, qui a plus de 4 ans, n’a pas été écrit pour être partagé. Si bien que cette liste de plaisirs, de ravissements, de joies, m’apparaît aujourd’hui avec le charme de l’innocence. Je ne pourrais plus l’écrire ainsi maintenant, pour plusieurs raisons, et il me faudra lui trouver d’autres attraits que la spontanéité, à commencer par une plus jolie couverture.
Ce qu’il adviendrait si, à chaque besoin de réconfort, d’inspiration ou d’excitation, nous choisissions de revenir à la même image dans un écrin, plutôt qu’à celles qui défilent sur l’écran.
La mienne représenterait, dans un étui argenté, un lieu de mes possibles, peu fréquenté et source des désirs renouvelés : un fauteuil de musée ou de petit cinéma, une rue calme peut-être piétonne, un banc public.