Catégorie : textes

  • (nous sommes ici, 106) du balcon

    Lorsque nous visitons le logement social où nous emménageons à notre arrivée à Grenoble, nous nous fichons bien que la cuisine ne soit pas équipée ni séparée du séjour, que les murs de la deuxième chambre soient recouverts de personnages de dessins animés que je passerai des heures à poncer : nous sommes saisis par l’espace et la lumière.

    Je peine probablement à trouver les mots pour exprimer mon enthousiasme, je suis folle de joie, me projette, me trouve extrêmement chanceuse ; il n’est pas impossible que je me sente aussi récompensée pour les efforts fournis pour rendre cette nouvelle vie possible.

    Plus tard nous découvrirons d’autres atouts non négligeables de l’appartement, comme la possibilité de créer des courants d’air pour supporter les fortes chaleurs estivales de la ville, ou la vue du balcon dont je ne me suis jamais lassée en neuf ans. D’ici, je pouvais voir une bonne part des trois massifs environnants et y ai appris – comme on apprend à aimer, spontanément – à observer le ciel, les changements de conditions météorologiques, les levers et couchers de soleil, les variations incessantes de lumière sur les montagnes.
    Souvent, je n’en croyais pas mes yeux et je devais photographier ce que je percevais pour faire taire l’impression de le rêver. Fréquemment nous exigions de l’autre qu’il vienne voir, pour partager l’expérience de la beauté.

    A présent qu’il dit penser forcément à moi quand le temps est à l’orage, je ne regrette pas d’avoir perdu la vue du balcon, je me réjouis d’avoir reçu la capacité de voir.

  • (ARCHIVE) Particulière 4 : brut


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  • (ICI) 100. Premières fois

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  • (Ici) le vent d’ici*

    On comparerait deux lieux similaires, à un an d’intervalle, et l’on penserait que les images ne sont rien, vraiment rien, sans les émotions qu’on y attache.
    De la peur ou du soulagement, que retiendrai-je de ces beaux immeubles de centre-ville ? Qui pour lire la joie et les promesses des larmes dans l’escalier ?

    En cette période estivale propice aux voyages, où je rêve de sensations plus que de destinations, d’un courant d’air dans mes pensées, il m’apparaît qu’assurément le vent d’ici – un désir, une curiosité – y suffit.

    Et si je pars moi aussi, c’est en me demandant une fois encore : quel genre d’échappées font celleux qui ne savent, ne veulent pas rester ? Et les autres, comment se reconnaissent-ils entre initié(e)s ? Combien de sourires se forment lorsque deux regards dans le vide finissent par se croiser ?

  • (Ici) conditionnel

    Parmi les centaines de tableaux exposés, elle lui demanderait, en échange de la sienne, de retrouver ses deux paires de seins préférées.

    >conditionnel
    >lieu-ressource

    (référence du tableau ici)

  • (Ici) Incident technique

    Je n’aime rien tant je crois
    que d’aller en vélo au cinéma
    pédaler ma disponibilité
    rechercher les courants d’air
    qu’une fois le casque doré ôté
    tout puisse s’imprimer
    l’attendu le dérangement
    trouver sa place
    le bon le mauvais
    accueillir
    mais parfois ce qu’il arrive,
    c’est qu’il ne se passe rien.

  • (Ici) 79. La vie des agrumes

    C’est en convalescence qu’un nouveau geste m’est venu, sans y réfléchir : j’ai coupé l’orange sanguine en quatre et à quatre reprises croqué dans le morceau, plaquant mes dents contre l’intérieur de la peau et faisant exploser la pulpe dans ma bouche. Ce faisant, j’ai trouvé l’expérience sauvage et délicieuse, il m’a semblé – alors même que j’avais toujours entouré la consommation de cette variété d’oranges du soin respectueux qu’on réserve aux choses délicates et rares – que c’était la meilleure façon de procéder. Fallait-il que je sois malade ou sans témoin pour la découvrir ? Si cette expérience, je l’ai faite dans ce nouveau chez-moi qui ne m’a connue que malade, il m’a tout de suite paru signe de santé : c’est bien ici, malgré les apparences actuelles, que je vais vivre mieux.

    Que partout il y ait un peu de jeu, assez de place pour s’écarter.

  • Ici. 37.

    Il, elle te dirait : « et si on allait ailleurs ? » et tu accepterais, sans chercher à comprendre les motivations. Pour le plaisir d’être en mouvement, sans avoir à l’initier, pour le plaisir de faire plaisir, pour la surprise, pourquoi pas.

  • (Ici) 62. faible

    J’ai un faible pour celleux qui ne se garent pas au plus près, font des pauses là où ce n’est pas prévu, soignent les transitions, l’entre-deux.

  • À la machine