Rajouté le texte entier sur la page Désir replié.
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(Très heureuse de la) mise en ligne de la page Désir replié (2023)
(Merci à Arnaud Perrot pour son travail de photographie des oeuvres.)
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pour (ARCHIVE)Désir replié (2023)
Travail en cours sur une série de 10 images, tirages argentiques de petites dimensions. Ce sont mes « Bonnardes », nées de la visite d’une exposition fin 2021 et d’une manière d’être au monde que j’expérimentais pour la première fois de ma vie à ce moment là.
Alors que je m’étais extraite du flux d’images des réseaux sociaux car je sentais mon attention sur-sollicitée, j’avais apprécié au cours de cette visite de devoir faire un effort pour découvrir les images présentées, des tirages contacts mesurant quelques centimètres seulement. Des reproductions en grand format tapissaient les murs de la salle d’exposition, mais pour découvrir tous les clichés du peintre, il était nécessaire d’avoir une démarche active, se rapprocher et se concentrer.
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Test pour « désir replié »
Presque, bientôt. (Finaliser)
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Travail de tirage hier et aujourd’hui pour la série « désir replié ». Ensuite ? J’aimerais faire une pause dans ma pratique de l’argentique, revenir à d’autres modes d’expression.
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Hier, divers essais de caches pour les petits tirages de la série « désir replié ». Je tiens le bon, pour une taille qui me convient. Prochaines étapes : la production en elle-même des tirages, et encore quelques tests pour leur présentation, commande ou réalisation de Marie-Louise sur mesure.
Pour moi le texte s’écrira en argent sur noir ou à la machine sur un papier qui fait le même bruit que les sachets à viennoiseries, à cartes postales. Je le sais depuis que j’ai mangé un éclair dans une bonne pâtisserie de Montpellier un jour où tout le corps était manque, appel : cette série sonne comme ce papier froissé conservé en souvenir de ma gourmandise. Pour tout autre que moi, faut-il que les images expriment la même chose que pour moi ?
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Il m’a été offert des crayons à papier portugais à la délicate odeur de figuier. Jusqu’à présent je n’écrivais qu’à l’encre, mais je me suis tellement attachée à ce cadeau que j’en ai changé mes habitudes. L’an dernier j’ai reçu de jeunes figuiers pour mon balcon et de délicieux biscuits faits maison aux fruits secs ; j’avais beaucoup parlé de figuiers, sans que qui ce soit ne comprenne pourquoi. Mon hommage discret à Anna, c’était lui attribuer la cause d’une extension de mon monde, celle qui me fait remarquer cet arbre quand je le croise sur mon chemin et me donne du plaisir quand je goûte ses fruits sous toutes ses formes. Pour sentir l’odeur du crayon, il faut faire le même effort que pour une peau : fermer les yeux, se concentrer, y revenir. J’en ai offert à nouveau à qui j’imaginais capable de s’émerveiller avec moi de cette découverte, comme j’en aurais offert un à Anna. En me faisant changer de point de vue, en liant en mon esprit l’amie et les figues au plaisir plutôt qu’au désir replié, c’est un objet qui réconcilie, qui me déplace, un très beau cadeau.
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Test pour une des séries de tirages argentiques sur lesquelles je travaille en ce moment. (Petits comme mes désirs si longtemps repliés.) Je sens qu’il me faudrait écrire avant de passer une nouvelle après-midi dans le labo : je m’éparpille – me perds dans les images alors que les textes sensés les accompagner m’aideraient probablement à établir ma sélection de 10 clichés. Je les appelle mes petites bonnardes.
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On se moque de moi, Anna, quand je dis que le retour des oranges siciliennes illumine mon hiver, qu’elles m’emplissent de joie. Je ne sais pas si cela me blesse pour ce que cela a de faux : non, il ne m’en faut pas peu ; non, je ne me contente pas, jamais, de quoi que ce soit, et cela m’épuise, d’une fatigue dont leur sang ne saurait me réveiller. Évidemment que ma consommation saisonnière de Tarocco, aussi déraisonnable soit-elle, ne peut rien au manque de joie(s) qui est le mien en ce moment, en ce moment qui dure et éprouve ma patience. Je ne suis plus triste mais j’ai encore cette sensation d’attendre, de me préparer à quelque chose qui ne vient pas et pour lequel je ne peux faire beaucoup plus d’efforts que ce que je ne fais déjà (pour me sentir bien, mieux, dans la bonne direction). Ce soir il me semble qu’il serait plus facile de me laisser aller à une tristesse confuse que de considérer l’attente active comme la solution la plus raisonnable. Suis-je blessée de n’avoir pu partager cela, ou pour ce que mes propos maladroits avaient de vrai ? Je m’exprime mal quand je compare les oranges à un doudou mais il y a quelque chose d’honnête quand j’avoue la forte charge symbolique, il y a quelque chose d’honnête et de puissant dans cette vraie joie de l’orange dont j’aurais tort d’avoir honte. Qui fait que je suis blessée d’être incomprise, de n’avoir su me faire comprendre, de n’avoir réussi à communiquer une subtilité, blessée mais vivante, contrairement à celle dont les oranges ne pouvaient sauver les jours. Quand je me demande ce qui pourrait me faire du bien, me faire plus de bien que mes efforts pour aller dans la bonne direction, donc ce qui pourrait m’enthousiasmer, je peine à imaginer autre chose qu’une amitié libidineuse avec une quadra-quinqua qui trouverait touchante que la vingtaine séduisante ait laissé place à une trentaine sans assurance. Qui sans m’ôter quoique ce soit du poids de qui s’efforce d’être libre et responsable, m’apaiserait un peu, je ne sais comment – si, je le sais, comme j’ai su le faire pour d’autres quand je ne doutais pas : en imaginant un peu pour eux. Bien sûr que je pense à toi, Anna, quand je l’imagine. Elle est celle qu’il t’aurait fallu et celle que tu aurais pu être, elle a ta passion et ton exigence, des lèvres peut-être un peu plus épaisses qui retiennent ces mots que tu me disais trop vite. Anna, à présent je fais plus que je n’imagine et c’est trop peu pour m’emplir de joie. Mais tu étais la rencontre qui les contenait toutes, alors je n’embrasse plus que la fin des possibles, mes désirs tout repliés, j’attends la joie en épluchant mes oranges.