Je me souviens avoir, lors de nos premières années ensemble, cherché à partager avec d’autres hommes et femmes un enthousiasme, un désir, une curiosité qui n’étaient chez lui pas assez manifestes à mon goût.
Un homme, qui n’avait presque uniquement cette ardeur pour me plaire et à qui j’avais confié mon faible enfantin pour la barbe à papa, avait un jour voulu me faire forte impression en donnant à un vendeur un bon billet là où une ou deux pièces auraient suffi : « la plus grosse possible s’il vous plaît ! »
À l’époque, cela m’avait probablement séduite et amusée, seulement aujourd’hui il me semble que face à de tels élans, je me comporte telle au vendeur d’alors, offrant une portion raisonnable et rendant la monnaie.
Aurais-je trouvé à ses côtés une sorte de vérité me tenant à distance des passions passées ? Ajusté ma gourmandise à son appétit en partageant sa vie ?
Peut-être que la réponse ne peut se former auprès de lui, et que j’éconduis ces comportements comme on règle des comptes avec soi-même.