En février je décide de passer la St Valentin avec un fantôme. Je me rends à Lyon, cette ville que nous trouvions belle toutes les deux mais dans laquelle nous ne nous étions jamais promené ensemble. Je pense au fantasme féminin que nous avions en commun lorsque nous cherchions à nous séduire, une chanteuse et guitariste de rock qui porte tatouée la date du 14.02 sur son poignet. Comme cette ancienne brune, j’aime les photomatons : je reproduis une de ses poses dans la cabine de la gare de Lyon Perrache.
Je me souviens de cette fille dont le prénom était aussi joli que son diminutif, mais que j’appelais tout de même – contrairement à mes habitudes – par ce dernier. Je me souviens de l’arrogance de son visage sur les photos et de sa douceur en mouvement. Je me rappelle avoir pensé qu’amoureuses l’une de l’autre nous serions merveilleuses. Je me rappelle aussi avoir pensé que nous serions terribles. Je me souviens d’avoir décidé, à plusieurs reprises, de ne pas chercher à découvrir ce que nous serions, certainement par peur que ce ne soit ni l’un ni l’autre.
(Mimnêsko XXIX – 201?)